Confort d'été : concevoir une stratégie d'adaptation globale
Été 2003, un été « normal » d’ici 20 à 30 ans avec plus de 43 jours dépassant 35°C à Grenoble. Des projections guère optimistes, que l’été 2019 a rendu tangibles une nouvelle fois, et qui incitent aujourd’hui les collectivités à lancer des stratégies d’adaptation globales à l’échelle de leur patrimoine.
Créer des ilots de fraicheurs, « protéger » les bâtiments, rafraîchir les ambiances, climatiser « juste » en dernier recours, les réponses sont multiples et nécessitent de déployer des politiques volontaristes, structurées sur le long terme. Voici un tour d’horizon des enjeux et pistes d’action, pour se rafraîchir les idées !

Privilégier le confort passif
En premier ressort, à l'échelle d'un bâtiment, on s'attachera à mettre en œuvre des solutions dites « passives », c'est-à-dire sans recours à un système de rafraîchissement de type climatiseur, pompe à chaleur, afin de limiter les consommations énergétiques, et les rejets de chaleur dans l'ambiance extérieure.
Une approche méthodologique qui se décline selon les étapes suivantes : Eviter, Protéger, Minimiser, Dissiper, Rafraîchir. - Éviter que la chaleur ne rentre dans le bâtiment (isolation).
- Protéger le bâtiment du rayonnement solaire direct : végétation, protections solaires extérieures...
- Minimiser les apports internes (appareils électriques,...).
- Dissiper la chaleur la nuit, en ventilant le bâtimen.
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-> Un levier à ne pas négliger : la création de « mouvement d'air » provoquée par des ventilateurs/brasseurs d'air, qui améliore de manière réelle la sensation de confort. Selon les normes internationales qui modélisent le confort thermique des occupants d'un bâtiment en tenant compte d'analyses statistiques (proportion d'occupants satisfaits du confort intérieur), il s'avère que l'augmentation de la vitesse d'air permet de conserver des niveaux de satisfaction élevés avec une augmentation de température intérieure pouvant aller jusqu'à 4°C de plus, en particulier dans les locaux type bureaux et salle de classe.
Points de repère confort estival
Le référentiel technique PEQA considère en général qu'une situation d'inconfort devient sensible au-delà de 2,5% du temps d'occupation estivale supérieure à 28°C.
Dans les bâtiments climatisés, la réglementation (article R.131-29 et -30 du code CH) interdit de régler la consigne de rafraichissement en dessous de 26°C.
Etablir un état des lieux de la situation initiale

Comme dans toute démarche stratégique, la première marche semble logiquement d'établir un état des lieux de la situation de départ. À la fois d'un point de vue technique, en identifiant l'ensemble des installations de rafraichissement / climatisation : type d'équipement, fluide frigorigène utilisé et contraintes d'exploitation associées, âge et vétusté des installations, raison de la présence d'une climatisation active, .... Et également d'un point de vue fonctionnel, en identifiant les besoins exprimés (inconforts répétés) ou pressentis (populations sensibles dans bâtis mal adaptés : personnes âgées, très jeunes enfants...).
Agir concrètement : les piste de travail proposées par l'ALEC
Le sujet étant émergent, il n'existe pas à ce jour de méthodologie éprouvée pour avancer de manière sereine et cadrée vers une stratégie d'adaptation du patrimoine bâti des collectivités aux évolutions climatiques.
L'ALEC a toutefois identifié quelques pistes de travail :
- Objectiver les inconforts
Afin de répondre de manière cohérente et responsables aux demandes de climatisation urgentes des mois de juin, l'ALEC propose de travailler à une méthodologie de mesure et d'action d'améliorations passives (gestion des protections solaires, paramétrages des ventilations, ...). Un groupe de communes est mobilisé sur le sujet et partagera le résultat de ses travaux début 2020.
- Permettre aux bâtiments scolaires de passer les pics de chaleur de juin et septembre sans recourir à la climatisation
Jusque-là non concernés par les problématiques de confort d'été, ces bâtiments doivent faire l'objet d'une attention particulière, pour les adapter aux nouvelles conditions climatiques en juin et septembre, sans pour autant installer d'équipements couteux en énergie et entretien pour quelques jours par an. En particulier :

- Elaborer une stratégie « Puits de fraîcheur » pour les périodes de canicule
Afin de limiter le développement d'installations de climatisation diffuses dans les logements qui contribuerait à l'amplification des îlots de chaleur urbain, plusieurs communes réfléchissent à adapter les services publics en proposant des puits de fraicheur pour « passer » les épisodes caniculaires. A titre d'exemple, la ville de Grenoble a rendu gratuite l'entré au musée de Grenoble pendant les périodes de fortes chaleurs de l'été 2019.

- Mettre en œuvre des solutions alternatives à la climatisation pour les bâtiments en ayant réellement besoin, solutions ne contribuant pas au réchauffement des ambiances en ville :
- Rafraichissement adiabatique : abaissement des températures d'air (jusqu'à 10°C en période de forte chaleur) en lui faisant traverser un média imbibé d'eau (L'évaporation de l'eau « consomme » des calories de l'air). Exemples : Bibliothèque de Fontaine, Salle René Proby à St Martin d'Hères.
- Rafraichissement sur eau de nappe : pour les sites y ayant accès, échange avec la nappe pour faire circuler dans le bâtiment un réseau eau fraiche (régime 14/21°C au lieu du régime de température 7/12°C pour les réseaux eau glacée classiques). Exemples : La Vence Scène à St Egrève, Hôtel de Ville d'Echirolles...
Il y a tout lieu de penser que ce sujet aura l'occasion d'être débattu au cours de l'année à venir, dans les instances Plan Climat Air Energie métropolitain ou dans le réseau Genepy...