Test d’étanchéité à l’air dans un projet de rénovation énergétique
Un test d’étanchéité à l’air, appelé aussi test d’infiltrométrie, test de perméabilité à l’air, Blower-door ou test de la porte soufflante, permet de mettre en évidence les infiltrations d’air existantes au niveau de l’enveloppe de la maison et de détecter la localisation de ces fuites d’air pour mieux les corriger. Il peut être réalisé avant un projet de rénovation, pendant ou après les travaux d’isolation.
Pourquoi repérer les défauts d'étanchéité ?
Visuellement, la somme des petits (ou grands) défauts d’étanchéité à l’air d’une maison non performante peut correspondre à un trou équivalent à la surface d’une feuille A4 ! Les vents, les différences de pression, de température et d’humidité entre l’intérieur et l’extérieur créent des transferts d’air « parasites » là où résident ces défauts d’étanchéité à l’air.
Une fissure de 1mm dans l’étanchéité à l’air peut diviser par 5 la performance d’un isolant.
Ces fuites d’air créent des problèmes :
- Thermiques : pertes de chauffage l’hiver, apports de chaleur l’été,
- De sensation d’inconfort : liés aux courants d’air et aux apports de froid ou de chaud selon la saison,
- De mauvaise qualité de l’air : l’air qui rentre, passe dans les doublages, et peut ainsi être chargés en poussières/polluants/moisissures,
- De dysfonctionnement des ventilations mécaniques : l’air entre et sort n’importe où au lieu d’assurer un balayage complet du logement. Le renouvellement de l’air est moins contrôlé,
- De dégradations du bâti : un air froid entrant crée des risques de condensation au passage des flux d’air, et donc des risques d’humidité et de moisissures,
- Acoustiques : dans le cas d’environnements bruyants (si l’air rentre, les bruits extérieurs « aériens » rentrent aussi plus facilement).
Où sont localisés les défauts ?
Les défauts d'étanchéité à l'air peuvent se localiser dans
- Les menuiseries,
- Les jonctions entre les parois (toit/murs, murs/plancher bas…),
- Le réseau électrique (gaines et boitiers électriques),
- Les trappes et portes (donnant vers des combles perdus ou un garage),
- Les coffrets de volets roulants,
- Les parements non-étanches (lambris)
- Ou dans tout autre élément traversant les parois (plomberie, gaines techniques, conduit de cheminée non étanche…).
Pour toutes ces raisons, l’augmentation de la performance thermique des logements va de pair avec la qualité de l’étanchéité à l’air.
Les logements BBC et passifs imposent un niveau minimum d’étanchéité à l’air à respecter.
Et en rénovation ? Il n'y a pas d'obligation, mais ce paramètre permet de garantir la performance réelle d’une rénovation thermique.
Comment fonctionne le test ?
Le système de porte « soufflante » est placé dans une ouverture, en général à la place de la porte d’entrée. Les bouches de ventilation sont obturées afin de ne prendre en compte que les défauts d’étanchéité.
Le ventilateur intégré au système permet de mettre la maison en dépression, puis en surpression. L’ordinateur va mesurer en combien de temps la maison revient à sa pression d’origine.
Plus la maison est étanche, plus elle va mettre de temps à se re-stabiliser au niveau de sa pression.
En parallèle, l’utilisation d’un anémomètre (pour mesurer des débits d’air – cf. photo ci-dessous), d’une poire à fumée (pour visualiser les passages d’air) et/ou d’une caméra thermique (pour observer les différences de température) permettent de mettre en évidence la localisation des points faibles non étanches à l’air, c’est-à-dire là où passent les entrées/sorties d’air parasites. Ces interfaces seront à traiter pour améliorer l’étanchéité à l’air du logement.
Deux coefficients permettent de quantifier l’étanchéité à l’air :
- Q4PA-surf : intensité des fuites d’air sous une pression de 4 Pa (en m3 d’air par heure et par m² de paroi) => il est utilisé pour la certification « Effinergie » et dans la réglementation thermique française (RT2012 imposant un maximum de 0.6 dans les maisons neuves) ;
- n50 : intensité des fuites d’air sous une pression de 50 Pa (en volume d’air du bâtiment par heure) => il est utilisé pour le label « PassivHaus ».

Comment corriger les défauts ?
Une fois les défauts repérés, les stratégies d’amélioration seront variables et dépendent de l’étape du projet.
Avant travaux, le test permet de voir si les fenêtres sont à changer. Si les fenêtre sont neuves, le test peut permettre de vérifier si la pose a été faite avec soin (pose de joint type « compriband », jupette d’étanchéité à l’air, …).
Des entrées d’air parasites aux niveaux des prises peuvent être limitées en installant des boitiers électriques étanches, ou en étanchéifiant le coffret électrique en amont.
Des problèmes aux interfaces murs/toit ou murs/sol, au niveau des plinthes par exemple, nécessitent de plus lourds travaux de reprise des doublage et/ou de l’isolation intérieure avec des membranes d’étanchéité à l’air type frein-vapeur. Voire une isolation extérieure continue et étanche à l’air, avec enduit ou pare-pluie extérieur.
Des infiltrations au niveau d’une trappe donnant sur des combles ou d’une porte vers un garage nécessitent leur changement pour des ouvrants étanches et isolés, ou à minima des reprises d’étanchéité sur leurs contours (pose de joints « écrasés » sur les encadrements par exemple).
Une cheminée ouverte ou même un insert ancien créant beaucoup de passages d’air peut être changé pour un système bois récent, efficace ET étanche à l’air (prise d’air spécifique séparé de l’air intérieur du logement). Le dispositif Prime air bois de la Métropole encourage le renouvellement des vieux appareils de chauffage au bois.

Combien ça coute ?
Un test d’étanchéité à l’air coûte généralement entre 400 et 1000 € selon l’ampleur de la prestation. Il est réalisé par un professionnel spécialisé en « infiltrométrie » (généralement bureaux d’étude).
Témoignage
Céline et Dorian, les propriétaires de la 1000ème maison rénovée et accompagnée dans Mur Mur, ont fait le choix de tester l’étanchéité à l’air de leur logement après un ambitieux projet de rénovation énergétique.
Lors de la rénovation de notre maison, nous avons cherché à tester l'étanchéité à l'air. Le test est la seule manière de vérifier les bonnes performances de la maison et d'indiquer aux artisans les éléments à reprendre !
Il a été fait avant la pose des plaques de placo, pour permettre d'avoir accès aux éléments bruts, qui pourraient avoir des fuites.
Mettre la maison en surpression a permis de mieux voir des défauts. Nous ne suspections pas du tout certains.
Les principaux éléments mis en lumière dans le test : des défauts de pose et fabrication des menuiseries, passage d'air dans le bois, et fuite dans les moellons de la maison.Même avec ces anomalies, le Q4PA-surf était de de 0.79, c’est-à-dire presque aussi bien qu’une construction neuve !
Nous comptons renouveler le test après correction et finalisation du chantier, en espérant l'améliorer.Avoir une maison économe en énergie est un souhait fort de notre part pour participer à la lutte du changement climatique. Nous sommes fiers de notre parcours !